Le Groupe d’étude technique de la Confédération africaine de football (Caf) a passé en revue, hier, le bilan et les aspects techniques de la compétition qui est sur sa dernière ligne droite. Lors de ce panel, les experts et légendes du football africain ont analysé les performances des équipes tout au long de ce tournoi qui, à leur avis, est en train de battre tous les records.
Un panel sur les performances de la Can a réuni, hier, au Centre Principal des Médias, au Palais de la Culture d’Abidjan, les experts de la Caf et des personnalités du football africain. Les membres du Groupe d’étude technique (Gts) de la Caf ont été unanimes à reconnaître que cette 34e édition de la Can est la meilleure de tous les temps, avec des résultats louables, des surprises, des rebondissements, des buts marqués après 90 minutes de jeu. Le Directeur du Gts, Raoul Chipenda, a brossé les statistiques du tournoi après seulement 48 matches disputés, depuis le 13 janvier.
Sur le plan offensif, la Can «Côte d’Ivoire 2023» est partie pour battre tous les records. Elle a été très prolifique en buts. À quatre matches de son terme, les filets ont tremblé à 113 reprises. Les 24 équipes en lice ont fait mieux qu’en 2019 et 2021 où seulement, 102 et 100 buts avaient été respectivement marqués au terme des 52 matches. Rien qu’à la fin des phases de groupe, 89 buts ont été marqués ; 24 autres buts ont été inscrits entre les huitièmes et les quarts. Et le constat, au stade des quarts de finale, est qu’aucune des huit équipes présentes n’avaient atteint ce stade de la compétition, lors de la dernière édition, au Cameroun. Cela prouve, selon les experts de la Caf, qu’il n’y a plus de suprématie des équipes qui ont l’expérience des Can.
75 joueurs provenant d’Arabie Saoudite, un record
S’agissant de la provenance des joueurs, 60% sur les 629 qui ont pris part à la compétition viennent d’Europe, contre 26% d’Afrique, 12% d’Asie et le reste d’Amérique Latine. S’agissant du contingent européen, la Ligue 1 française est la mieux représentée avec 90 joueurs, suivie de la Premier League avec 50 joueurs, de la Liga espagnole avec 30 joueurs et la Bundesliga et le Calcio avec 20 joueurs chacun. Parmi ces 629 joueurs, 39 évoluent dans le championnat sud-africain, 19 dans celui tanzanien et autant dans celui égyptien. Pour le reste, 4 joueurs évoluent au Maroc et 11 en Tunisie. Pour l’effectif asiatique, 75 joueurs sur les 12% évoluent en Arabie Saoudite ; cela prouve, selon les experts de la Caf, que «la Saudi Pro League est un championnat porteur et demandeur de footballeurs africains». En ce qui concerne la moyenne d’âge, elle est de 26 ans. La Gambie reste la plus jeune avec 25 ans de moyenne d’âge, suivie de la Côte d’Ivoire avec 25,9 ans. Le Cap-Vert est, quant à elle, l’équipe la plus âgée avec 28,6 ans de moyenne.
Le 4-3-3 plébiscité par les entraîneurs
Pour les schémas de jeu utilisés, le 4-3-3 très flexible a été utilisé à 65% par les techniciens, contre 15% pour le 4-4-2 très flexible. Selon les experts de la Caf, «tous les coaches ont pratiquement opté pour la 4-3-3 flexible qui varie de l’animation offensive à l’animation défensive». Clémentine Touré, ancienne internationale ivoirienne, a noté que les équipes sont de plus en plus mieux organisées dans le but de pouvoir parer aux risques au niveau central. «Ces équipes sont organisées selon les systèmes de jeu qu’elles ont pu mettre en place et au niveau des blocs. On a pu constater trois différents blocs, que ce soit le bloc haut, médian ou bas. La constitution des blocs était dans le but de le rendre plus compact ; même si pour certaines équipes, il y avait des espaces au niveau de la ligne défensive, les poussant à s’exposer davantage», a-t-elle analysé. De même, a-t-elle indiqué, cette organisation en bloc a permis à plusieurs équipes de resserrer les lignes, de fermer les intervalles et d’empêcher la verticalité des passes dans la profondeur. Cependant, a-t-elle relevé, certaines d’entre elles ont réussi à contourner ce système, obligeant l’adversaire à jouer sur les côtés. Il s’y ajoute, selon Clémentine Touré, que ces différents systèmes, qu’il s’agisse du 4-3-3 ou du 4-4-2, ont permis aux attaquants de toujours redescendre, de venir fermer ce bloc et de le rendre plus compact.
Turn-over généralisé
À l’issue des quarts de finale disputés les 2 et 3 février, le capitaine équato-guinéen, Emile Nsue, est toujours le meilleur buteur avec 5 réalisations. Cependant, des joueurs comptabilisent trois buts et sont toujours en course. Il s’agit d’Ademola Lookman du Nigeria, de Themba Zwane de l’Afrique du Sud et de Wissa de la Rd Congo qui pourraient le rejoindre et même le dépasser, lors des deux derniers matches du tournoi.
Les experts ont salué le turn over effectué par les entraîneurs lors des 48 matches disputés. Le Mali arrive en tête des équipes qui ont effectué le plus grand nombre de remplacements. Les «Aigles» ont effectué 26 changements à égalité avec la Côte d’Ivoire ; suivent le Cap-Vert (25), l’Angola (24), le Nigeria (22), la Guinée (22), l’Afrique du Sud (21) et la Rd Congo (21). Pour ceux qui ont quitté, Maroc 19, Mauritanie 19, Burkina Faso 19, Sénégal 18, Egypte 17, Guinée Equatoriale 15, Gambie et Cameroun 14 ; ça reflète, selon les experts, que le turn-over a beaucoup contribué à ce que ces équipes se retrouvent en quarts et demi-finales.
L’apport des gardiens de but
Lors de ce tournoi, les gardiens de but ont pleinement joué leur partition. Et ce n’est pas Joseph Antoine Bell qui dira le contraire. L’ancien portier des «Lions indomptables» a salué le rôle essentiel du gardien de but dans le système de tout entraîneur. «Si nous sommes si heureux de cette compétition, c’est parce que nous avons désormais en Afrique, des gardiens de but qui rivalisent avec ceux du monde entier. Ils sont quasiment très bons, parce que dans chacun des pays, on a pris conscience qu’il y a du travail spécifique qui est fait, grâce à un programme conçu par la Caf. Il y a un cours spécifique de gardiens de but, de manière à ce que le poste de numéro un continue à être numéro un», a fait savoir Bell. Selon lui, cette Can est le sommet, pour la simple raison que les gardiens de but sont en plénitude de leurs moyens. «Ils sont de vrais joueurs. Ils sont le prolongement de l’entraîneur sur le terrain, donnent le tempo. Ils ont rassuré par la qualité de jeu qu’on voit, par ce qu’ils font. Les gardiens de but africains ont atteint le niveau international. Ils contribuent et contribueront à véhiculer l’image du développement du football africain. Aujourd’hui, de voir le rôle qu’ils jouent prouve à quel point ils peuvent comprendre, lire le jeu, contribuer à faire avancer leurs équipes. Nous sommes fiers et ce travail va continuer. On aura des gardiens de but encore meilleurs dans l’avenir», a fait savoir Joseph Antoine Bell, qui a salué les performances de Ronwen Williams qui a arrêté quatre penaltys permettant à l’Afrique du Sud de se qualifier en demi-finale.
Le niveau de l’arbitrage magnifié
Au cours de cette Can, l’arbitrage a été fortement décrié. Mais Raoul Chipenda demeure convaincu que le niveau était très élevé lors du tournoi. «C’est la meilleure performance de l’arbitrage de notre compétition», a-t-il déclaré, en précisant que les arbitres ont été bien préparés depuis plus de deux ans. Cela s’explique par le fait que les meilleurs, pour la plupart des jeunes, ont été sélectionnés et bien encadrés. De même, a fait savoir M. Chipenda, la Var leur a été d’un grand apport. Et de préciser que la Caf est très soucieuse d’assurer aux arbitres, les meilleures conditions d’exercer leur travail. «L’arbitrage dans cette compétition a été un niveau très élevé et la Caf va faire en sorte que l’arbitrage soit le meilleur possible et qu’on ait de bons arbitres qui puissent aller le plus loin possible dans les compétitions de la Fifa», a indiqué le Directeur du Groupe d’étude technique de la Caf.
D’un de nos envoyés spéciaux Samba Oumar FALL
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Source : https://lesoleil.sn/can-cote-divoire-2023-une-edit...